Le Cephyr de Maurice, nouveau partenaire de Germination
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Depuis le 29 septembre de cette année 2014, le projet Germination a le plaisir de compter un nouveau partenaire au sein de son réseau d’acteurs : la société Mauricienne CEPHYR (Centre de Phytothérapie et de Recherche). Ce centre de recherche se focalise sur la caractérisation et la valorisation de ressources végétales régionales, issues de savoirs ancestraux et pouvant présenter un intérêt au niveau médical ou pharmaceutique.
La pharmacopée dont dépend aujourd’hui la médecine moderne est essentiellement basée sur la synthèse ou l’extraction de molécules issues du monde végétal. Bien souvent, les médecines traditionnelles faisaient appel à ces plantes dont on cherche aujourd’hui à copier les principes actifs. Il arrive même que l’on découvre, produites par des végétaux, des molécules que l’on pensait absentes du monde du vivant. [1]
Malheureusement, les changements globaux induits par les activités humaines mettent en péril une grande part de la biodiversité végétale. De nombreuses espèces risquent de disparaitre, et avec elles des molécules issues de millions d’années d’évolution, dont certaines pourraient être d’un grand intérêt thérapeutique. De plus, bien que présentant la possibilité pour des millions de personnes de voir leurs conditions de vie s’améliorer, la globalisation entraine très souvent la perte ou l’abandon de savoirs ancestraux. Ces savoirs séculaires tombant dans l'oubli, les plantes médicinales qui leur étaient étroitement liées risquent de ne pas leur survivre. La disparition de ces plantes et des savoirs associés serait donc synonyme d’une perte pour la biodiversité comme pour notre patrimoine historique et culturel.
C’est face à ce constat qu’Ameenah Gurib-Fakim, chercheuse Mauricienne, a créé le Centre de Phytothérapie et de Recherche (Cephyr) en 2009. Son ambition : participer à la caractérisation et à la conservation de ressources végétales pouvant présenter des intérêts pharmaceutiques dans l’océan Indien. Le Cephyr a pour objectif de valoriser les plantes médicinales exploitées de manière ancestrales en établissant leur profil biochimique afin, si possible, de réutiliser certains de leurs principes actifs pour des essais pharmacologiques.
Partageant en commun l’ambition de préserver et valoriser des espèces végétales sous utilisées dans la région océan Indien, c’est avec une certaine logique que, sous l’impulsion de sa directrice Ameenah Gurib-Fakim, le Cephyr entra fin septembre dans le réseau des partenaires du projet Germination. Nul doute que ce nouveau partenariat sera bénéfique pour le Cephyr et pour les autres partenaires du projet Germination, mais surtout, et avant toute chose, bénéfique à la biodiversité et au développement de la région océan Indien.
« Vue la résistance face à l’utilisation des plantes médicinales traditionnelles, j’ai voulu en savoir plus et encadrer scientifiquement leur étude et leur usage. […] Moi qui voulais vraiment valoriser ces données traditionnelles j’ai dû en créer la filière, et dans l’urgence pour ce qui est de Maurice car les savoirs et les plantes se perdaient rapidement. C’est pourquoi, en 2009, j’ai créé le Centre de Phytothérapie et de Recherche, auquel je me consacre désormais pour valoriser les ingrédients qui viennent des plantes médicinales. Je suis donc là à valoriser des recettes de Grands-mères ».
Ameenah Gurib-Fakim, le 18 septembre 2014,
Cirad 3P, Saint-Pierre, Réunion.
Pour aller plus loin:
[1] L’exemple s’est produit récemment pour une équipe de recherche Française. Étudiant une espèce de pêcher africain, Sarcocephalus latifolius (anciennement Nauclea latifolia), dont l’écorce était utilisée traditionnellement par les populations locales pour lutter contre la douleur, les chercheurs espéraient mettre à jour des principes actifs aux intérêts thérapeutiques. Ils ont en réalité découvert que cette plante synthétisait du tramadol, un dérivé d’opiacé créé dans les années 1970 et que l’on pensait jusqu’alors exclusivement artificiel.