L’embrevade, une légumineuse aux nombreuses propriétés
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Description de Cajanus cajan (L.) Millsp.
Également appelée Pois cajan ou pois d’Angole en français, pigeon pea en anglais, pois Congo à Haïti et pois de bois en Guadeloupe, l’embrevade (Cajanus cajan (L.) Millsp.) porte de nombreux noms selon les provenances et dialectes, pouvant porter à confusion avec d’autres légumineuses. Ne serait-ce qu’à la Réunion, trois appellations sont utilisées : zambrevate, zambrovate ou encore ambrevade [1].
L’embrevade est une légumineuse semi-ligneuse, formant des buissons de 1 à 4 m de haut [2]. Très résistante à la sécheresse, elle est principalement cultivée dans les régions tropicales ou subtropicales. Cette légumineuse ne supporte pas les excès d’eau : des précipitations annuelles allant de 600 à 1 000 mm sont favorables à sa productivité [3].
Deux variétés botaniques ont été mises en évidence : les variétés flavus à fleurs jaunes, généralement cultivées en plantes annuelles et les variétés bicolor, caractérisées par des fleurs jaunes et rouges, qui sont quant à elles vivaces. A la Réunion, ces deux variétés sont cultivées. Il existe cependant de nombreuses variétés intermédiaires, les variétés flavus et bicolor étant interfertiles [4].
Origine et production
La culture de l’embrevade est ancienne, datant d’il y a 3 000 à 5 000 ans, et serait originaire du sous-continent indien, même si la présence de nombreuses espèces apparentées sauvages en Afrique laisserait également penser à une seconde origine [5]. L’Inde est actuellement le plus gros producteur au monde, produisant plus de 75% de la production mondiale. En 2021, cette dernière est estimée en moyenne à 5.5 millions de tonnes [6].
Au sein de l’océan Indien, la production de l’embrevade est variable selon les régions. Elle a par exemple une place très importante dans la culture comorienne, cuisinée avec du lait de coco (le Tsouzi za nadzi) et consommée lors des fêtes. A Madagascar, on la retrouve surtout dans les régions du sud, très sèches, et est principalement utilisée comme fourrage. Dans les autres pays sa culture est relictuelle.
Pourquoi cultiver l'embrevade ?
Une particularité des légumineuses est qu’elles sont capables de capturer l’azote atmosphérique, grâce à une symbiose avec des bactéries du type Rhizobium, et de le fixer dans des nodosités racinaires. Cette association confère trois avantages à leur culture : elles améliorent la fertilité du sol, produisent un aliment riche en protéine et ne requièrent pas d’apport supplémentaire en azote. L’embrevade peut en effet fixer jusqu’à 235 kg d’azote par hectare et par an [7], et laisser environ 40 kg de résidus azotés, renforçant la fertilité des sols pour les cultures en rotation [8]. Par ailleurs, son système racinaire étendu et le mulch formé par ses feuilles tombées durant la culture font également de cette plante une espèce améliorante des sols [3] [9].
A la fois culture vivrière et fourragère de couverture, l’embrevade est consommée comme pois sec, pois vert ou encore en pois cassé pour le Dahl [4]. Pour sa teneur élevée en protéine, mais aussi en acides aminés essentiels, et ce, à faible coût de production, elle est parfois appelée la « viande du pauvre ». Ses grains contiennent en effet 18 à 25% de protéine pour 100 gr de grains, contre 22% pour 100 gr de bœuf [10]. Cette légumineuse représente par ailleurs la principale espèce fourragère en Afrique de l’Ouest, ses feuilles étant également riches en protéine.
En plus de ces usages en alimentation et restauration des sols, l’embrevade est aussi utilisée comme bois de chauffage ou encore en plante médicinale pour soigner différents maux. Ses feuilles auraient par exemple des propriétés anti-inflammatoires et antibactériennes et seraient utilisées pour soigner les brûlures, la malaria ou encore la rougeole dans certains pays [11].
En résumé ...
Tous ces aspects font de l’embrevade une espèce prometteuse et de grand intérêt, que ce soit pour l’alimentation humaine et animale, de par ses usages diversifiés et sa valeur nutritionnelle, mais également pour ses propriétés et intérêts médicinaux, agroécologiques et agronomiques. Elle constitue dès lors une des nouvelles espèces cibles du projet Germination 3.
[1] https://www.mi-aime-a-ou.com/Cajanus_cajan.php#:~:text=Cajanus cajan (L.) Millsp
[2] Metome G., Adjou E.S. & Dahouenon-ahoussi E., 2017. Aspect botanique, profil nutritionnel et implications du pois d’Angole (Cajanus cajan (L.) Millspaugh) dans le développement communautaire en Afrique subsaharienne. Alger. J. Nat.Prod.5(2), 469–474.
[3] ValenzuelaH., 2011. Pigeon peas: A Multipurpose Crop for Hawaii. Hanai’Ai/TheFood Provid. 1–8.
[4] Niyonkuru D.N., 2002. La culture du pois cajan. Un trésor méconnu en Afrique Centrale. Saild Cameroun, 23 p.
[5] Van Der Maesen L.J.G., 1980. India is the native home of the pigeonpea. In: Agricul Liber Gratulatorius in Honorem. USA, 257–262.
[6] https://www.fao.org/faostat/fr/#data/QCL/visualize
[7] PeoplesM.B., Herridge D.F. & Ladha J.K., 1995. Biological nitrogen fixation: Anefficient source of nitrogen for sustainable agricultural production? PlantSoil (174), 3–28.
[8] Metome G., Adjou E.S. & Dahouenon-ahoussi E., 2017. Aspect botanique, profil nutritionnel et implications du pois d’Angole (Cajanus cajan (L.) Millspaugh) dans le développement communautaire en Afrique subsaharienne. Alger. J. Nat. Prod.5(2), 469–474.
[9] Mafongoya P.L., Bationo A., Kihara J. & Waswa B.S., 2006. Appropriate technologies to replenish soil fertility in southern Africa. Nutr.Cycl. Agroecosystems76(2–3), 137–151.
[10] Gargi B., Semwal P., Jameel Pasha S.B., Singh P., Painuli S., Thapliyal A. & Cruz-Martins N., 2022. Revisiting the Nutritional, Chemical and Biological Potential of Cajanus cajan (L.) Millsp. Molecules.
[11] Sarkar S., Panda S., Yadav K.K. & Kandasamy P., 2020. Pigeon pea (Cajanus cajan) an important food legume in indian scenario – a review. Legum.Res.