Les premières bases d’un réseau d’épidémio-surveillance dans l’océan Indien
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Une personne avertie en vaut deux. C’est pourquoi, plusieurs acteurs ont la volonté de mettre en place une surveillance épidémiologique dans les îles de l’océan Indien afin de détecter les ravageurs et maladies invasifs précocement, de connaître avec précision leur aire de répartition ou de s’assurer de leur absence. Une semaine d’ateliers et de discussions sur ce sujet a été organisée à La Réunion dans le cadre des projets E-Space et Epibio-OI. L’objectif, était de permettre « la mise en place d’actions d’épidémio-surveillance efficaces sur le plan biologique, statistique et organisationnel » en rappelant que « la qualité des informations sanitaires récoltées va dépendre directement de la qualité des réseaux mis en place » et qu’il s’agit d’un « outil essentiel pour obtenir des informations sanitaires fiables et définir des stratégies de prévention et de contrôle adaptées. »
C’est d’autant plus nécessaire que « les épidémies n’ont pas de frontières » souligne Yolande Chilin Charles, une ingénieure du Cirad en poste en Guadeloupe et venue à La Réunion pour participer aux ateliers afin d’apporter son expertise. Dans les Caraïbes, ce type de réseau fonctionne déjà depuis dix ans. L’enjeu est de taille, vital pour protéger les intérêts économiques des filières agricoles.
L’urgence de construire ce réseau
« À Maurice par-exemple, on est une toute petite île très sensible aux incursions des organismes nuisibles car on importe beaucoup de produits frais » explique Patrimah Peerthum du service protection des végétaux au ministère de l’agro-industrie. La Mauricienne, venue participer aux débats, s’inquiète des risques que font peser l’introduction de maladies et ravageurs sur les filières agricoles de son archipel. Toutes les îles partagent ces mêmes inquiétudes. « Chaque pays a des maladies spécifiques, il faut limiter les échanges de ces organismes nuisibles» précise Azali Hamza, directeur de l’INRAPE, aux Comores.
Le scientifique préconise donc d’informer les archipels voisins sur ces différentes menaces: « ça va permettre de nous préparer contre ces bio-agresseurs ». « Ça ne sert à rien de renforcer la surveillance aux Comores si on ne coopère pas avec les autres pays, car ça viendra chez nous vu la proximité de nos îles » ajoute-t-il. Ses propos sont appuyés par Zelin Ratovonomenjanahary, un entomologiste malgache qui travaille au ministère de l’agriculture : « la coopération entre nos îlesest essentielle, sinon c’est impossible d’y arriver ». Lui aussi souhaite participer à la construction d’un réseau dans l’océan Indien.
Le projet semble prendre forme : « un premier pas a été fait, nous avons défini ensemble les priorités en matière d’action de surveillance et allons collaborer sur l’organisation et l’animation des dispositifs dans les différents pays » se félicite Isabelle Robène du Cirad, qui a co-organisé et animé cette semaine de discussions. Lors du prochain comité de pilotage du projet Epibio-OI qui réunira à nouveau tous les acteurs de la zone océan Indien, la poursuite de cette dynamique sera à l’ordre du jour. Il y a urgence pour la protection des agricultures insulaires contre les invasions biologiques.