Badroudine Ali, technicien agricole au sein de l’ONG Dahari : "Ies terres auparavant abandonnées donnent aujourd’hui de bons rendements"

Badroudine Ali (dit Badrou)est technicien agricole au sein de l’ONG Dahari. Il est affecté depuis début 2012 à Adda, village situé à l’entrée de la région du Nioumakele, sur l’île d’Anjouan. Depuis son arrivée il constate un changement de la part des paysans dans les pratiques agricoles qu’ils utilisent, ce qui a permis de relancer l’exploitation de nombreuses parcelles dans cette région.

"J’ai fait partie du projet ECDD depuis ses débuts en 2008. J’étais alors socio-organisateur. Je me rendais dans les villages pour présenter le projet aux populations, évaluer le contexte et identifier les paysans modèles, ceux sur qui le projet pourrait s’appuyer pour développer les nouvelles techniques. Il fallait que chacun gagne la confiance de l’autre. En 2011 je suis devenu technicien agricole, avec de nouvelles responsabilités, notamment pour la prise de décision. C’est en 2012 que j’ai été affecté à Adda qui a été le dernier village à être intégré dans les zones d’intervention du projet. La population s’est montrée intéressée dès le début par le projet. Il faut dire que nous avions développé nos actions dans des villages avoisinants et qu’ils avaient eu vent des résultats obtenus.

Je me suis immergé dans le village pour que nous puissions apprendre à nous connaître. Je leur proposais d’être leur ami, je dormais chez eux. J’ai identifié les agriculteurs les plus motivés. Nous avons monté 6 parcelles de démonstration, dont certaines sont situées à proximités de points stratégiques, tels que les écoles ou encore le stade de foot. Ainsi nous avons ainsi attiré l’attention des autres villageois, intrigués par nos activités.

Comme tous les techniciens du projet ECDD je passe au moins 3 jours par semaine sur place et je dors dans notre case de projet. Pour les formations, je les fais toujours directement sur les parcelles. La plupart des paysans ne savent de toute façon pas lire, les réunir dans une salle n’a donc aucun intérêt. Je leur conseille d’alterner les cultures pour qu’ils obtiennent de meilleurs rendements. Je leur apprends à diversifier leurs cultures, à appliquer des lignes de cultures qui permettent de fixer les sols.Par exemple, je leur propose d’embocager leur champ avec plusieurs espèces de légumineuses, notamment le gliricidia et le sandragon. Puis ils peuvent y ajouter une ligne de graminées. Les ananas et les bananiers peuvent aussi être utilisés. Les légumineuses servent également de fertilisants et parfois de nourriture pour le bétail, en plus des graminées. Etant de formation physiologique appliquée à la nutrition animale, j’apporte régulièrement une aide aux paysans propriétaires d’animaux. L’intégration de l’élevage est un facteur bénéfique dans l’agriculture familiale. Le fumier est un très bon fertilisant. Avec certains agriculteurs, j’ai développé des techniques de fertilisations spécifiques, telles que l’implantation d’un parc bœuf en haut de parcelle et d’un sillon d’engorgement en dessous qui en temps de pluie se rempli et alimente naturellement la partie inférieure du champ par infiltration de l’eau riche en nutriments.

Je suis fier de voir que des terres auparavant abandonnées sont aujourd’hui cultivées et qu’elles donnent de bons rendements, à tel point que certains paysans qui ne bénéficient pas de nos outils viennent quand même régulièrement aux formations. Nous pouvons toucher ainsi plus d’agriculteurs que nous le prévoyions.

Le projet ECDD est aujourd’hui terminé, il a été remplacé par l’ONG Dahari. Ce que je souhaite c’est avoir encore plus de responsabilités. Je veux faire du suivi et de la gestion de projet. Mais avant tout mon souhait est que l’ensemble des populations du pays adoptent les pratiques agro-écologiques, pour stopper l’érosion et protéger l’ensemble des ressources naturelles".

Pour en savoir sur les activités d'ECDD : http://www.ecddcomoros.org