Filière ail : l’histoire d’une renaissance
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Dans les années 80, de nombreux agriculteurs réunionnais ont abandonné la culture de l’ail, notamment à cause des maladies l’infectant. En améliorant l’itinéraire technique de la culture, en sélectionnant et diffusant les variétés les plus adaptées (Vacoa, Gros Bleu), dans les années 90, la Chambre d’Agriculture, avec l’appui du Cirad, a réussi à redonner confiance aux producteurs. Mais pour garantir un ail de qualité, à la fois sur le plan sanitaire et variétal, encore fallait-il mettre en place à la Réunion une filière de production de semences certifiées.
Pour y parvenir, un important travail restait à réaliser :
- Tout d’abord, assainir ces variétés locales, contaminées par deux virus majeurs, l’OYDV (Onion Yellow Dwarf Virus) et le LYSV (Leak Yellow Stripe Virus), pouvant provoquer jusqu’à 60 % de pertes de rendement.
- Puis, obtenir l’inscription des variétés au catalogue officiel et la certification des semences par le Service Officiel de Contrôle et de Certification (SOC), préalables obligatoires à leur commercialisation.
Assainir les variétés locales
En 2002, le Cirad a donc commencé à adapter des techniques d’assainissement in vitro (culture de méristème, micro bulbification in vitro). Les virus ont ainsi pu être éliminés des variétés Ail rouge, Vacoa et Gros bleu.
La seconde étape, après l’assainissement, est l’inscription au catalogue officiel français, passage obligé avant toute commercialisation de variété végétale.
Inscrire les variétés au catalogue
Des clones assainis d’ail rouge furent donc sélectionnés pour produire du matériel de base en vue d’une inscription au catalogue. Après 3 ans de tests au GEVES (Groupement d’études des variétés et semences), cette variété nommée « Ti l’ail rouge » sera très prochainement inscrite au catalogue. Par ailleurs, des clones assainis des variétés Vacoa et Gros bleu ont également été multipliés pour sélection et inscription au catalogue.
Vers la production de semences commerciales
Parallèlement à la demande d’inscription au catalogue, une demande d’autorisation provisoire de vente (APV) sera également déposée au GEVES, afin d’accélérer la mise en place d’une production locale de semences commerciales. Celle-ci sera réalisée par des agriculteurs multiplicateurs sous contrat avec l’établissement semencier local agréé par le SOC, dans le respect du cahier des charges de certification. Les premières semences certifiées de la variété Vacoa devraient ainsi être mises sur le marché en 2010.
Au creux de la vague dans les années 80, la filière ail concerne aujourd’hui une soixantaine de producteurs produisant environ 240 tonnes d’ail par an. L’inscription au catalogue de variétés locales et la certification des semences viennent aujourd’hui couronner la relance de la filière ail réunionnaise, avec un gain en quantité et en qualité, laissant espérer d’ici quelques années une reconquête des parts de marché sur l’ail d’importation.
Contact :
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