Marc Mortureux, DG de l'Anses : "Etre au contact des réalités spécifiques des départements d’outre-mer en matière de santé des végétaux"
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Marc Mortureux, directeur général de l’Anses - Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, visitait récemment le Pôle de Protection des Plantes (3P) à St-Pierre (Réunion). Interview…
L’Anses dispose d’un laboratoire dédié à la santé des végétaux. Quelles sont ses missions ?
- A l’instar des autres laboratoires de l’Agence, le Laboratoire de la santé des végétaux (LSV) est l'organe de référence et d'appui scientifique de l’Anses en matière de risques pour la santé des végétaux pour les milieux cultivés et forestiers. Il est laboratoire national de référence pour les organismes nuisibles de quarantaine ou émergents dans ses domaines de compétences : bactériologie, virologie, nématologie,entomologie, mycologie, plantes invasives et la détection-identification d’organismes génétiquement modifiés interdits. Il intervient également sur l'évaluation des risques biologiques et des auxiliaires de la santé des végétaux, ainsi que dans le cadre de la quarantaine des végétaux importés et introduits sous dérogation.
L’unité "Ravageurs et agents pathogènes tropicaux" de ce laboratoire, située au Pôle de Protection des Plantes (3P) à St-Pierre, constitue la seule unité de l’Anses outre-mer. En quoi est-ce important pour votre Agence d’être présente à la Réunion ?
- Plusieurs thématiques dans le domaine sanitaire sont propres à l’outre-mer, et en particulier à la Réunion. Dans nos missions d’évaluation des risques et de développement de méthodes d’analyses et d’essais, il nous est ainsi primordial d’être au contact des réalités concrètes spécifiques aux départements d’outre-mer. Nous nous adossons pour ce faire à des organismes de recherche comme le Cirad à la Réunion dont l’expérience et le savoir-faire ne sont plus à démontrer dans les régions tropicales. Je pense en particulier aux compétences que le Cirad et le 3P ont su développer au fil des années notamment sur la problématique des produits phytosanitaires et des usages orphelins, dans le contexte particulier de l’outre-mer et de règlementations européennes qui peuvent ne pas être initialement pensées pour de telles régions.
L’anses met d’ailleurs en 2014 l’accent sur des travaux d’évaluation des risques concernant les produits phytosanitaires.
- Nous portons effectivement une attention toute particulière aux questionnements de plus en plus récurrents, tant dans le domaine de la santé et que celui de l’environnement, posés par l’usage de produits chimiques dans le monde agricole. Des solutions alternatives et des méthodes de bio-contrôle doivent être imaginées pour faire face aux impasses dans lesquelles les agriculteurs se trouvent aujourd’hui pris au piège dans de nombreuses filières. C’est d’ailleurs un des objectifs du plan Ecophyto 2018. Je fonde à ce titre beaucoup d’espoirs sur notre collaboration avec le Cirad à la Réunion, pour permettre d’abord de documenter scientifiquement l’efficacité et les conséquences éventuelles de ces solutions alternatives, et in fine pouvoir les règlementer et les autoriser, mais aussi pour permettre le développement de nouvelles méthodes de diagnostics et la mise en place de dispositifs de surveillance toujours plus efficaces face à l’émergence de nouveaux ravageurs, en particulier dans la zone océan Indien.
Vous êtes également sensible, en tant que directeur général de l’Anses, à une diffusion de l’information sur ces problématiques auprès du grand public.
- Le domaine de la santé des végétaux est un domaine immense mais relativement méconnu du grand public. Or, on ne peut gérer les risques afférents ni s’intéresser à l’évaluation de ces risques sans être en capacité de les expliquer au grand public, ou du moins expliciter quels peuvent être les enjeux et les pistes possibles pour y faire face. Il nous faut donc trouver les moyens de sensibiliser le grand public sur l’importance, tant sur le plan sanitaire que sur le plan économique, de nos travaux de recherche et d’expertise dans le domaine de la santé des végétaux. Plus globalement encore, notre Agence cherche à aborder de façon transversale les problèmes de santé humaine, animale et végétale.