Madagascar : une nouvelle variété de riz pluvial pour les Hautes Terres
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A Madagascar, le riz occupe une place prépondérante dans l'alimentation des populations. Culture principale, et alimentation de base, certaines régions ont tendance à être saturée en surface de culture. Pour contrer ce problème, le FOFIFA en partenariat avec le Cirad, a mis au point une nouvelle variété de riz pluvial plus résistant à l'altitude et au froid : le FOFIFA 173.
Près de 140 kg de riz/an/habitant
Madagascar est un pays de tradition rizicole avec une consommation moyenne annuelle par individu qui se situe entre 118 kg en milieu urbain et 138 kg en milieu rural. Les Hautes Terres centrales de Madagascar produisent 36 % du riz du pays essentiellement cultivé dans les rizières aménagées dans les vallées, les grandes plaines ou bien sur les versants en terrasse des nombreuses collines qui constituent le paysage. Dans cette zone, densément peuplée (plus de 100 habitants/km2 dans la région de Vakinankaratra contre 36 habitants/km2 au niveau national en 2010), les possibilités d’expansion de la riziculture irriguée sont de plus en plus restreintes et, dès le milieu des années 70, la demande en riz n’était plus satisfaite par le seul riz irrigué. Pour répondre à cette demande croissante en riz, le développement de la riziculture pluviale sur les flancs de collines et les plateaux sommitaux, habituellement réservés aux cultures du maïs, du haricot, de la patate douce et du manioc ou au pâturage des zébus, est apparu comme une option à explorer.
Une variété de riz pluvial pour mieux répondre à la demande
L’absence de variété de riz pluvial suffisamment tolérante au froid pour être cultivée à des altitudes supérieures à 1200 m, a conduit au lancement d’un programme de création variétale pour le riz pluvial d’altitude au milieu des années 80 en partenariat entre le centre national de recherche agronomique malgache (FOFIFA) et le centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD). Plus de quinze variétés de riz pluvial tolérantes au froid ont été sélectionnées et successivement proposées à la diffusion depuis lors.
FOFIFA 173, la dernière née, est une variété à grain demi rond et péricarpe rouge, à cycle long mais avec un potentiel de rendement élevé (plus de 7 tonnes/ha observé en essai contrôlé). Ces variétés ont permis de repousser la frontière de la culture du riz pluvial au-delà de 1800 m d’altitude. Grâce à ces variétés, la riziculture pluviale d’altitude a connu un développement extrêmement rapide, en particulier dans la région de Vakinankaratra, le long de la fameuse RN7 entre les villes d’Antsirabe et d’Ambatolampy (70 km au Nord), où ont été concentrés les efforts de recherche et de diffusion. Désormais le riz pluvial fait partie intégrante du paysage dans cette région des Hautes terres, où il devient même par endroit la culture dominante dans les systèmes de culture pluviaux.
La conquête des Hautes Terres jusqu'à 1800 mètres !
Sur les Hautes Terres (cible de la variété F 173), très peu de producteurs vivent des bénéfices de la vente du riz. L’essentiel du riz qui est produit est autoconsommé. La production de riz pluvial sert à compléter celle du riz irrigué, et dans certains cas à se substituer à lui lorsque les exploitants ne possèdent pas ou pas assez de parcelle en bas fond pour pratiquer la riziculture irriguée. Le riz pluvial est un moyen pour les exploitations d’atteindre l’autosuffisance en riz qui reste l’aliment de base des malgaches. La culture du FOFIFA 173, adaptée aux conditions agro-climatiques des Hautes Terres (entre 1200 et 1800 mètres d'altitude), devrait permettre de renforcer le développement de la riziculture pluviale sur les collines, dont la frontière a été repoussée à 1800 mètres et qui permet de compenser le manque de surfaces de rizières irriguées.
La création de cette nouvelle variété ne s'arrête pas là, puisque les recherches continuent vers l'élargissement des variétés disponibles pour assurer la durabilité de la production du riz pluvial en altitude. Cette durabilité passera notamment par une amélioration de la résistance à la pyriculariose, une meilleure efficience dans l'utilisation de l'azote, la diversification de la qualité du grain, la tolérance au froid et l'adaptation aux systèmes agronomiques développés dans le cadre de l'agriculture de conservation.
Remerciements :
Louis Marie Raboin, généticien sélectionneur au Cirad à Madagascar, pour sa contribution à cet article.