Victor Jeannoda : "La biodiversité végétale de l'océan Indien peut être valorisée pour assurer la sécurité des aliments"
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Victor Jeannoda est responsable de la formation doctorale en sciences de la vie à l’Université d’Antananarivo et de l’unité de recherche en toxicologie. Il fut responsable du Pôle d’excellence régional (PER) en sécurité des aliments jusque fin 2010.
Quelle est la vocation du Pôle d'excellence régionale en sécurité des aliments (PER) ?
Victor Jeannoda : Les microorganismes (bactéries,champignons) sont des facteurs de risques majeurs pour la qualité et la sécurité des aliments. Le PER recherche, dans les biodiversités végétales de Madagascar et des Comores, des molécules capables d’améliorer la sécurité sanitaire des denrées alimentaires. Il s’agit d’identifier des plantes qui présentent une activité antimicrobienne ou des propriétés nutritionnelles, de caractériser la composition chimique et les propriétés biologiques de leurs extraits, et enfin d’évaluer la variabilité des molécules utiles identifiées,afin de développer des modes de gestion durables des espèces d’intérêt.
Quels sont les partenaires associés au sein du PER ?
V. J. : Les Universités de Madagascar (Département de Biochimie Fondamentale et Appliquée et Ecole Supérieure desSciences Agronomiques, Antananarivo), des Comores et de la Réunion, ainsi que des centres de recherches, Cnarp, Fofifa, Cirad, se sont associés pour 3 ans au sein de ce Pôle d’excellence, financé par l’Agence Universitaire de la Francophonie. Ce pôle vise à renforcer les capacités des équipes scientifiques comoriennes et malgaches par la formation de jeunes chercheurs (4 doctorats et une dizaine de stage de DEA en cours)tout en mutualisant les équipements.
Quelles sont les plantes étudiées ?
V. J. : Nous avons étudié la variabilité de la composition chimique et des activités antimicrobiennes des huiles essentielles de deux espèces d’une plante endémique de Madagascar : Cinnamosma fragrans et Cinnamosma madagascariensis. Des extraits de feuilles de Cirnamosma fragrans sont actuellement testés dans une ferme d’élevage de crevettes à Madagascar en substitut des antibiotiques*. Les premiers résultats sont encourageants. Par ailleurs, nous avons entrepris la caractérisation chimique et biologique d’extraits de DilobeiaThouarsii, une autre plante endémique malgache. L’activité d’extraits de feuilles et d’écorce est actuellement testée au laboratoire de biochimie de l’Université d’Antananarivo sur des bactéries.
Enfin, nous prévoyons d’évaluer les valeurs nutritionnelles des farines de graines de cycas des Comores en vue d’élaborer un produit à haute valeur ajoutée.
*Les antibiotiques sont habituellement utilisés pour prévenir les maladies dans les élevages de crevettes, mais le risque de résistance des bactéries est élevé. D’où l’idée de substituer le produit chimique par un produit naturel.
Source : AGROnews n°3, juin 2010