Génétique et distribution du varroa à Madagascar
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Depuis sa première description à Madagascar en 2010, le varroa apparait aujourd’hui comme un problème majeur pour l’apiculture malgache.
Une seule lignée génétique détectée et déjà répertoriée
Mettant non seulement en péril la survie des abeilles domestiquées et sauvages, le varroa représenterait également une menace indirecte pour les écosystèmes naturels et cultivés de l’île. En effet, à Madagascar, l’abeille A. mellifera unicolor, présente surl’ensemble de l’ile, joue un rôle essentiel dans la pollinisation d’espèces végétales endémiques (plus de 80%) et cultivées. Mais trois ans après avoir été signalé pour la première fois àMadagascar, comment se répartit aujourd’hui le varroa à travers l’île et quels sont ses dommages sur les colonies d’abeilles ? C’est ce que montre notamment une étude récente* menée par le Cirad, qui détermine pour la première fois la lignée génétique du Varroa destructor à Madagascar, identique à la lignée la plus répandue au monde et en particulier présente en Afrique de l’Est : celle de l’haplotype "coréen".
Une répartition limitée du varroa à travers l’île
L’étude montre d’abord qu’avec une vitesse moyenne de dispersion relativement lente par rapport à celles observées dans les autres pays d’Afrique (40km/an), le varroa présent à Madagascar est à ce jour confiné à certaines régions de Madagascar : sur la côte nord-est autour du port principal de l’île (Tamatave) et dans quelques districts des haut-plateaux autour de la capitale (Antananarivo). La présence de l’acarien dans ces deux régions distantes de 400 km pourrait toutefois être due à deux introductions indépendantes, ou à une simple infestation suivie d’une propagation par un échange de colonies entre la côte Est et la capitale. L’étude suggère par exemple que l’acarien ait pu être introduit à plusieurs reprises, à partir d’origine différentes, par voie aérienne (proche de l’aéroport) ou/et maritime (proche du port principal).
Une perte des colonies infestées estimée à 60%
D’après les suivis de ruchers réalisés dans la région des Hauts-Plateaux, la perte des colonies infestées par le varroa au cours d’une année est estimée à 60%. Si ce pourcentage est inférieur à celui qui a pu être observé en Europe, où plus de70% des colonies se sont effondrées dans les premiers stades d’infestation, de telles pertes de colonies et d’effondrements de ruchers pourraient avoir des conséquences économiques dramatiques, notamment pour les petits apiculteurs malgaches. En outre, des anomalies morphologiques, telles que des ailes déformées, ont été détectées seulement dans les districts infestés par le varroa. Or, ce symptôme est caractéristique de l’infection par le virus des ailes déformées (DWV), dont la prévalence se verrait ainsi augmentée par la présence du varroa.
Pour protéger les districts encore indemnes, un programme de gestion a été mis en place pour éviter la propagation des acariens via les transports de colonies ou les échanges de matériels apicoles contaminés entre des districts. La sensibilisation des apiculteurs à l’importance d’une déclaration systématique des ruchers infestés aux autorités compétentes semble à ce titre essentielle pour contenir et contrôler au mieux l’invasion. Une seconde étude, portant sur l’étude du cycle biologique de l’abeille A. mellifera unicolor et de son comportement hygiénique, devrait également permettre de mieux comprendre dans le futur la dynamique du varroa et l’évolution de sa propagation à Madagascar.
* Travail réalisé dans le cadre de la thèse d’Henriette Rasolofoarivao (financement Cirad-AIRD sud) en co-tutelle avec l’Université d’Antananarivo et l’Université de La Réunion. Auteurs : Henriette Rasolofoarivao, Johanna Clémencet, LalaHarivelo Raveloson Ravaomanarivo, Dimby Razafindrazaka, Bernard Reynaud, Hélène Delatte.
- Article complet à paraitre dans le prochain numéro de "La santé de l'abeille", la revue bimestrielle de la Fédération Nationale des Organisations Sanitaires Apicoles Départementales (FNOSAD).