Quand optimisation des pratiques agricoles rime avec rentabilité économique
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L’équation « plus d’intrants = plus de rendements » n’est plus vérifiée. Nous pourrions dès lors écrire « intrants raisonnés = productivité préservée dans le temps ». Il ne s’agit pas de supprimer les intrants chimiques mais bien d’optimiser leur utilisation dans une démarche de gestion globale de l’exploitation, d’un territoire. Préserver l'eau, le sol, la biodiversité peut aussi rimer avec rentabilité économique...
Revenir au Bon sens paysan
Les intrants chimiques (phytosanitaires, fertilisants) coûtent de plus en plus cher. L’éventail disponible des solutions agrochimiques se réduit de plus en plus, les matières actives les plus dangereuses pour l’environnement et la santé étant interdites. Il s’agit donc de trouver des alternatives au « tout chimique ». De même, il faut favoriser l’utilisation de matières organiques structurantes pour les sols cultivés. Globalement, il s’agit tout simplement de revenir au « Bon Sens Paysan ».
Prenons l'exemple d’une fertilisation mal ajustée et excessive : quelles en sont les conséquences ?
- La plante ne consomme pas complètement cet excès
- Cet excédent part dans les nappes phréatiques ou dans les eaux de ruissellement
- La culture devient plus fragile et plus sensible aux attaques des maladies et des ravageurs (excès d’azote)
- Ceci entraîne une hausse du nombre de traitements phytosanitaires à effectuer pour protéger la culture
- D’où coût supérieur de la main-d’œuvre
- Coût de production, in fine, plus élevé et marge brute diminuée
Tout est lié dans un agrosystème cultivé : fertilisation et protection des cultures ne peuvent plus être dissociées. L’agronomie reprend toutes ses lettres de noblesse. Une plante bien nourrie est une plante en bonne santé.
Les pesticides comme les antibiotiques, ce n’est pas automatique !
En terme de protection phytosanitaire, l’utilisation systématique et régulière dans le temps des pesticides est bien entendu à proscrire. Elle ne résout rien et au contraire favorise les pullulations de ravageurs. Il faut privilégier les mesures préventives et les méthodes de lutte biologique quand elles existent. L’observation des cultures a un rôle primordial et elle permet d’identifier correctement le meilleur mode d’intervention. Par ailleurs, la connaissance du cycle de développement des maladies et des ravageurs est nécessaire. L’intervention chimique ne doit être préconisée qu’en dernier recours. Les pesticides comme les antibiotiques, ce n’est pas automatique !
Dans cette optique, il convient de favoriser la biodiversité fonctionnelle sur l’exploitation agricole par des aménagements au niveau des abords notamment (bandes fleuries, bandes enherbées, plantes refuges, plantes pièges,…). Il faut accepter la présence de ravageurs des cultures, mais sous un certain seuil, car il est illusoire de vouloir se débarrasser définitivement de la majorité des ravageurs. Le principe est donc de favoriser le retour à des équilibres écologiques durables. C’est le principe de l’agroécologie.