Ralstonia solanacearum, un agent du flétrissement bactérien ravageur
Rédigé par Modifié le
À Madagascar, de nombreux agriculteurs sont désespérés. Ils ne savent pas s’ils pourront continuer à cultiver des pommes de terre. Le tubercule est pourtant l’une des plantes les plus cultivées du pays. Vitale pour nourrir la population et diversifier l’alimentation des malgaches. Mais Émilie Razanatsiferana et ses voisins ne savent pas s’ils pourront poursuivre encore une saison. Pourtant cette grand-mère en a vu passer dans sa longue vie. Leurs champs situés près d’Antsirabe, sur les hauts-plateaux, sont ravagés par Ralstonia solanacearum. Cette bactérie dans le sol colonise les racines de la plante et arrête le flux d’eau qui hydrate les feuilles et les tiges, causant leur flétrissement. Alors Émilie et les autres agriculteurs de la région basent leurs derniers espoirs sur les travaux menés par les instituts de recherche. « La maladie entraîne des pertes énormes. Quand la plante flétrie, elle ne produit pas de tubercules, et même lorsque l’on a des récoltes, souvent les tubercules pourrissent » raconte l’agricultrice.
Cultiver avec des semences saines
En attendant, la meilleure chance de maintenir la culture de pomme de terre à Madagascar passe par l’usage de nouvelles semences non contaminées. C’est le message que Harena Razafindrazaka, la responsable des contrôles de semences du Fifamanor, est venue dire aux exploitants. « Il faut des conditions de productions contrôlées pour que les tubercules commercialisées soient saines. Ça exige un travail en amont, et de remplacer toutes les cultures malades ». Un chantier titanesque auquel s’attelle ce centre de recherche appliquée en développement agricole dont les laboratoires sont situés tout près à Antsirabe. Et c’est pour l’instant la seule solution trouvée face à la bactérie : « on cherche tous les moyens de procéder pour lutter, mais on se focalise sur l’assainissement des semences parce que c’est de là que vient l’épidémie » ajoute Noroseheno Ralisoa, la chef du département recherche au sein du Fifamanor.
Changer les pratiques agricoles
C’est pourquoi une chercheuse du Fofifa, Santatra Ravelomanantsoa est également venue visiter les agriculteurs. Elle passe de parcelles en parcelles à la rencontre des propriétaires. La scientifique veut convaincre les producteurs de changer les comportements aux champs pour réduire les risques de contamination. « Il faut par exemple leur expliquer de ne pas jeter les tubercules malades dans les canaux, car l’eau diffuse la bactérie et c’est le meilleur moyen de contaminer d’autres parcelles. Ce sont des réflexes à avoir, et il faut sensibiliser les agriculteurs à modifier leurs méthodes de travail car sans eux la lutte contre Ralstonia solanacearum est vaine » explique la scientifique. Et ça marche, les paysans malgaches se montrent attentifs aux recommandations. Émilie et ses voisins n’ont qu’une idée en tête, maintenir leur production de pomme de terre. Cette femme malgré son âge déborde toujours autant d’énergie quand il s’agit de défendre ce qui l’a fait vivre, elle et sa famille. « La pomme de terre c’est notre production principale. Si on doit arrêter ça sera très difficile. C’est la même chose pour toutes les autres fermes voisines, alors nous sommes prêts à tout pour éliminer la bactérie » insiste-t-elle. Pour sauver les cultures les fermiers ont la patate.