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L'agriculture de conservation à Madagascar : défi d'une diffusion à grande échelle

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  • Site d'essais en Semis Direct sur Couverture Végétal de l'ONG TAFA à Antisabe, Madagascar.

Sur plus de 20 millions d'habitants, Madagascar compte environ 16 millions de personnes directement ou indirectement impliquées dans des activités agricoles et plus de 2 millions d'exploitations. Actuellement, plusieurs milliers de paysans appliquent les techniques de semis direct sur couverture végétale (SCV), qui consistent à :

  •  ne plus labourer le sol,
  •  le couvrir de plantes dites "de couverture",
  •  à associer et alterner les cultures.

Ces techniques présentent l'avantage de diminuer l'érosion et de favoriser la vie biologique du sol au bénéfice des cultures.

Le Groupement de Semis Direct de Madagascar (GSDM) a réuni 120 représentants de l'agriculture et du développement, les 1er et 2 décembre 2010, pour discuter des modalités de diffusion de ces techniques à large échelle. Un défi sans précédent.

Des techniques développées au Brésil

Ces techniques ont été inventées aux USA et éprouvées au Brésil au milieu des années 80. Dans les années 90, Madagascar s'est inspiré de l'expérience brésilienne et a démarré des essais dans la région d'Antsirabe. Des sites de référence ont ensuite été mis en place dans les différentes régions climatiques de la grande île pour comparer les systèmes SCV aux systèmes de culture traditionnels. Des projets nationaux de développement rural d'envergure se sont ensuite basés sur ces techniques. Aujourd'hui, 11 sites servent de vitrine nationale aux opérateurs du développement.

Intervenants à Madagascar

L'Organisation Non Gouvernementale TAFA a été la structure pionnière dans la mise au point et la formation à ces techniques à Madagascar, avec le soutien financier de l'Agence Française du Développement (AFD) et l'appui technique du Cirad, qui était intervenu également au Brésil. En 2001, des équipes du Fofifa, du Cirad et de l'Université d'Antananarivo se sont regroupées au sein d'une même unité de recherche (Scrid) pour investiger sur les variétés, maladies, insectes et organismes entomopathogènes, sols et matière organiques, etc. L'Institut de Recherche pour le Développement (IRD) s'est penché, quant à lui, sur la question de la séquestration du carbone dans les systèmes SCV.

Dès 2000, les principaux acteurs en matière d'agriculture de conservation se sont regroupés au sein d'une association : le Groupement Semis Direct de Madagascar, qui coordonne et suit les réalisations de terrain, évalue les actions, anime et forme les intervenants.

Enjeux de l'agriculture de conservation

Plusieurs enjeux sont ressortis des discussions du symposium des 1er et 2 décembre :

  1.  Développer une production agricole respectueuse de l’environnement et durable, c'est à dire productive et rentable dans un contexte de démographie croissante,
  2.  Développer le potentiel de l’agriculture pluviale, notamment la riziculture pluviale dans le cadre des SCV.
  3.  Construire une production agricole en alternative au Tavy pour : préserver les surfaces forestières, améliorer les conditions de vie autour des aires protégées limiter les émissions de gaz à effet de serre (GES)
  4.  Protéger les sols de l’érosion et des différents processus de dégradation de la fertilité
  5.  Régénérer et mettre en valeur les espaces à la fertilité dégradée
  6.  Développer des outils de protection de l’environnement
  7.  Participer au contrôle du réchauffement climatique et à la séquestration du carbone, et au maintien d’une diversité agrobiologique.

 

Obstacles à surmonter pour une diffusion à large échelle

Le symposium a formulé plusieurs recommandations :

  •  sur le plan de la coordination et de la politique, il s'agit notamment de "rapprocher les interventions de développement rural et de protection de l'environnement"
  •  sur le plan de la formation, "les premières cibles sont les agriculteurs". Des approches de "Ferme-Ecole" (Farm Field School) seront renforcées. Un des objectifs est de pouvoir "transférer les compétences de la conduite de formation au niveau des Organisation de Producteurs et Coopératives"
  •  sur un plan financier pour l'agriculteur, différentes formes restent à étudier (préfinancements ponctuels, crédits à l’exploitation, subvention, …), notamment pour financer les semences de plantes de couverture et d'autres intrants.
  •  sur le plan de la sensibilisation, les efforts doivent s'accentuer pour expliquer les bénéfices de l'agriculture de conservation.

 

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