Michel Roux-Cuvelier : "Vers une variété locale d’oignons plus productive à la Réunion"
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Le point avec Michel Roux-Cuvelier, chercheur au Cirad à la Réunion (Pôle de protection des plantes), sur un programme d'amélioration variétale de l'oignon à la Réunion, démarré en 2002.
- Dans quel contexte de production d’oignons à la Réunion ce programme de recherche a-t-il été mis en place ?
L’île de la Réunion connaît depuis toujours une culture monovariétale d’oignons, celle de la variété « Véronique », connue pour ses qualités organoleptiques et de conservation. Oignon tropical de jour court, cette variété a su parfaitement s’adapter au fil des siècles à la situation agro-climatique de la Réunion. A ce jour, seule cette variété d’oignon est d’ailleurs inscrite au catalogue officiel et fait l’objet d’une production de semences à la Réunion. Néanmoins, son rendement faible entraine des coûts de production importants pour les producteurs réunionnais, ce qui la met aujourd’hui en position de concurrence avec les variétés d’oignons d’importation venues d’Inde et de Madagascar notamment, et dont les rendements sont beaucoup plus conséquents.
- La solution repose donc sur la création d’une variété locale d’oignons plus productive ?
Exactement. Pour ce faire, nous nous sommes d’abord intéressés à plus d’une centaine de variétés d’oignons à travers le monde. Après plusieurs sélections, seules trois d’entre elles présentaient les caractéristiques recherchées : deux d’origine brésilienne et une troisième provenant d’Israël. Notre choix s’est finalement porté sur une des variétés d’origine brésilienne qui, après hybridation avec notre variété locale Véronique de la Réunion, a donné naissance à plusieurs nouvelles variétés d’oignons, répondant aux exigences actuelles du marché et capables de concurrencer l’oignon d’importation.
- Ce programme de recherche touche donc à sa fin ?
Pas tout à fait. Notre objectif est à présent d’inscrire deux ou trois de ces nouvelles variétés d’oignons au catalogue officiel, permettant ainsi rapidement une production de semences à destination des agriculteurs de l’île. Pour cela, nous allons d’abord soumettre ces variétés aux jugements de professionnels du secteur, selon des critères strictement agronomiques : taille, résistance, forme, couleur, facilité à se débarrasser de l’enveloppe… Je précise « strictement agronomiques », dans la mesure où la différence gustative entre ces nouvelles variétés et leurs parents sont infimes,voire inexistantes. Peut-être retrouverons-nous donc peut-être bientôt, d’ici 2 à 3 ans au minimum, ces nouvelles variétés d’oignons sur les étales de nos marchés réunionnais.
Contact : Michel Roux-Cuvelier