A Madagascar, les femmes rurales sont les meilleurs vecteurs pour la vulgarisation des pratiques agroécologiques
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L’agriculture à Madagascar est plutôt une agriculture de subsistance de taille familiale (1,3 ha) et n’occupant que 47 % de la superficie totale des 581 540 km2. Ce secteur rencontre des contraintes agro-techniques, tant abiotiques et biotiques (dégradation et baisse de la fertilité des sols–érosion/déforestation, tarissement des sources d’eau, faible technicité en systèmes de culture, variabilité et changement climatique, incidence des bio agresseurs), des contraintes financières, et des contraintes structurelles et organisationnelles. Le Ministère de l’Agriculture avait défini parmi ses priorités pour les prochaines années la gestion agrobiologique des sols, le contrôle de l’érosion, la conservation de l’eau par l’amélioration de l’infiltration, la gestion de la matière organique...
Les femmes à Madagascar représentent près de la moitié d'une population totale de plus de 18 million (2008), dont 70 % vivent en milieu rural. Elles jouent un rôle primordial dans le secteur agricole où elles sont fortement impliquées dans une grande partie des travaux (semis, entretien, récolte et post-récolte) avec une présence permanente en milieu rural par rapport aux hommes qui sont plutôt des travailleurs itinérants. Elles assurent également la gestion effective de l’exploitation familiale, à savoir la gestion des cultures de saison et de contre-saison, le petit élevage, la transformation et la vente des produits et sous-produits agricoles. Elles s’occupent de la quête de l’eau aussi bien pour les besoins domestiques que pour les travaux de culture.
Il a été constaté que les femmes contribuent largement à la diffusion de pratiques agroécologiques à travers la Grande Île, qui se reflètent, entres autres, par l’adoption et la diffusion du Système de Riziculture Intensive (SRI), la mise au point et la diffusion des systèmes de culture à faibles intrants, la pratique des systèmes de cultures associées, l'agroforesterie, la gestion intégrée des bioagresseurs, l’aménagement intégré des collines (reboisement - cultures de rente, fruitière, vivrière, maraîchère), la production d’engrais organique, et la mise en place de sites intégrés de démonstration (système agroforestier avec des cultures associées à des arbres fruitiers de variétés améliorées).
En effet, en termes de participation sociale, elles sont plus actives que les hommes notamment dans les groupes de travail ou associations formalisées, et participent directement ou indirectement aux prises de décision villageoises. Au sein des communautés rurales, les femmes leaders sont les meilleurs vecteurs de diffusion des innovations techniques.
Les autorités ont réalisé que ce sont principalement les femmes qui subissent les effets néfastes de l’érosion alors qu’elles tiennent un rôle significatif dans le développement rural, notamment en matière de diffusion de pratiques, techniques et messages. L’éducation des femmes rurales a été priorisé dans les actions de protection de l’environnement. Un meilleur accès aux innovations et technologies leur a été offert. Elles sont les mieux placées pour mener les actions de diffusion des pratiques agroécologiques.
Source : Présentation de Mesdames Aurélie Razafy Andriatsilavo, Vololoniriana Razafimaharo, et Volatsara Baholy Rahetlah lors de l’atelier de la COI sur la création du réseau régional "Femmes et Développement Durable" à l’hôtel MELLIS, Antananarivo, Madagascar le 15 décembre 2011.