Mouches des fruits : et si la solution c'était la lutte biologique?
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La thèse d’Issa Mze Hassani a permis d’identifier cinq espèces de mouches des fruits aux Comores, ainsi que leurs préférences (fruits, climats) et leur périmètre d’action. Bactrocera dorsalis (dominante sur les trois îles), Ceratitis capitata (danger n°2 sur les trois îles), D. bivitattus (danger n°3), Dacus ciliatus (présente seulement à Anjouan) et D. punctatifrons (Grande Comore et Anjouan). Leur dynamique est liée à l’abondance des fruits où elles pondent, ainsi qu’à l’influence de la saison (pluies, chaleur), ce dernier facteur variant toutefois selon les espèces: Bactrocera dorsalis préfère des températures moyennes de 25° et des précipitations de 2500 à 3500 mm, tandis que Ceratitis capitata est plus à l’aise avec des températures et pluies plus modérées (23°,1000 à 1500 mm).Troisième constat de l’étude : on suspecte B. dorsalis d’avoir entraîné une baisse locale des populations de C. malgassa et un déplacement de la population de C. capitata vers des zones plus élevées en altitude.
Des avancées majeures
Outre l’avancée des travaux dans le domaine de la lutte contre les mouches des fruits, ce projet de recherche présente un avantage supplémentaire: à l’issue de sa formation, et après un doctorat passé avec succès en janvier 2017, Issa Mze Hassani est maintenant le référent pour les Comores. « On devrait considérer qu’à Mayotte, le problème mérite aussi d’être étudié », ajoute le principal intéressé... Dans le cadre d’Epibio 2018 (*) le jeune chercheur va désormais s’attacher à observer comment la microguêpe Fopius arisanus, parasitoïde implanté dans le cadre de la lutte biologique, « fait son nid ». 1500 individus, provenant de la Réunion et du Kenya, ont en effet été dispersés en six lâchers entre 2013 et 2016 dans des zones ciblées de la Grande Comore, peuplées de badamiers. Le principal moyen d’action de cette micro-guêpe est sommaire mais efficace : elle pond des œufs à l’intérieur même des œufs de la mouche! Les premiers constats sont encourageants puisqu’on la retrouve déjà sur les badamiers bien sûr, mais aussi sur les pieds de goyaviers et goyaves.
(*) programme scientifique financé par l’Union Européenne et la Région Réunion (INTERREGV)