Des agricultures aux multiples visages
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Les îles de l'océan Indien présentent de nombreux points communs en matière agricole, mais aussi des caractéristiques propres, liées à leur situation, leur géologie, leur climat, leur histoire et leurs choix socio-économiques.
En partageant leur savoir faire en matière de techniques d’agroécologie, les îles travaillent aujourd’hui à rendre leur agriculture plus durable afin de faire face aux nouveaux défis du changement climatique, tout en préservant la richesse de leur biodiversité.
« L’île continent » : un potentiel agricole important
Madagascar est la plus grande de toutes les îles de l’océan Indien. Ses paysages s’étendent sur des milliers de kilomètres, et forment un paysage au relief très varié. Les températures plus chaudes des zones côtières présentent les caractéristiques idéales pour les cultures tropicales (litchi, poivre, cacao, vanille, girofle…), tandis que les régions du centre se prêtent d’avantage aux cultures tempérées (fruits et légumes divers). Le riz est cultivé sur près de la moitié des terres cultivées, surtout dans les Hautes Terres.
Les zones cultivées sont caractérisées par la petite taille des exploitations (70 % des agriculteurs occupent un champ de moins d’1,5 hectare). Ces petites parcelles souffrent de l’absence de rotation, de pratiques culturales comme la culture sur brûlis qui accentue l’érosion des terres cultivables, mais aussi de la plantation de variétés traditionnelles, qui engendre une dégénération des variétés de graines. D’autres facteurs, comme le manque de systèmes d’irrigation et l’utilisation parfois inappropriée de pesticides viennent s’ajouter. Tout cela fait qu’en terme de production, l’agriculture à Madagascar cherche à augmenter ses rendements. L’agriculture présente donc un potentiel de développement important, sans contrainte de surface cultivable (contrairement aux autres îles de l’océan Indien).
Aujourd'hui à Madagascar, 80 % de la population est vouée de près ou de loin à l’agriculture qui représente 39 % du PIB. L’agriculture apporte à elle seule 70 % des revenus à l’exportation (export de vanille, café, thé, girofle, poivre, litchis et crustacés).
Comores : une agriculture de subsistance
De la même façon, aux Comores, la culture de la terre est essentielle. L’agriculture aux Comores génère près de 50 % du PIB et emploie 80 % de la force de travail. Cet archipel composé d'îles d’origine volcaniques bénéficie d’une terre très fertile. Ceci permet d’associer sur les mêmes parcelles plusieurs types de cultures : bananiers, cultures maraîchères, arbres fruitiers, mais aussi tubercules et autres produits voués à l'exportation, tels que la vanille ou l’ylang-ylang.
Seychelles : le tourisme roi
L’archipel des Seychelles comprend 115 îles dont seulement 40 sont d’origine continentale avec un sol granitique (le reste étant corallien). Les trois îles principales, Mahé, Praslin et La Digue abritent 98 % de la population.
L’économie des Seychelles repose encore essentiellement sur le tourisme qui apporte des devises pour l’importation de produits agricoles. Pour faire face à la demande quotidienne des hôtels, les cultures maraîchères se sont néanmoins fortement développées ces dernières années. Malheureusement, la disponibilité en terrain agricole freine l'évolution du secteur.
Maurice : la canne, culture historique
L’île Maurice est une île au relief plat, dont l’altitude ne dépasse pas les 800 mètres. Le climat tropical mêlé à un sol volcanique relativement irrigué a dirigé l’agriculture mauricienne historiquement vers une production industrielle : celle de la canne à sucre. A l’exploitation cannière, dominante, vient s’ajouter des cultures secondaires comme les fruits et de thé. L’agriculture,dominée par la canne à sucre véritable colonne vertébrale de l’économie mauricienne jusqu’en 1970, ne compte plus aujourd’hui que pour 4 % du PIB total.
Bien que d'élévation modeste (le plus haut sommet, le Mont Limon, culmine à 398 mètres), l’île de Rodrigues présente une topographie générale de type montagneux avec des ravins abrupts. Les fonds des vallées demeurent le plus souvent à sec et ne sont parcourus par des flots torrentiels que lors des fortes pluies de régime cyclonique. La majeure partie de la population vit de la pêche et de l'agriculture. Sur les pentes, l'île produit surtout du maïs, du manioc et des haricots pour la consommation locale et pour le marché de l'île Maurice. Rodrigues souffre d'une insuffisance chronique d'eau agricole.
Sur le toit de l’océan Indien : une agriculture diversifiée
D’origine volcanique, la Réunion culmine à 3069 m d’altitude avec le Piton des Neiges, le point le plus haut de l’Océan Indien. La Réunion a su se doter d’infrastructures agricoles de pointe, et bénéficient d’un encadrement technique important. L’agriculture se base sur trois piliers essentiels : la culture de la canne, les cultures maraîchères et fruitières, ainsi que l’élevage. Si la canne en terme de surface représente la culture la plus importante, en terme de poids économique, les trois filières sont quasi équivalentes depuis quelques années. On distingue également d’autres cultures traditionnelles plus secondaires comme la vanille, le géranium, le vétiver dont l’importance économique a diminué au fil des années.
L’agroécologie, des techniques d’avenir pour les îles
L'agroécologie est une voie en cours de développement, pour permettre aux agriculteurs de diminuer leurs coûts de production et d'augmenter leurs revenus. Les domaines directement visés par cette technologie s'orientent vers une gestion équilibrée des ressources naturelles. Il s'agit de la fertilité, de la protection des plantes et de l'économie de l'eau. Maîtriser ces trois domaines, en diminuant l'usage de produits chimiques, tout en maintenant un niveau de production satisfaisant est le défi relevé par l'agroécologie, qui figure parmi les priorités des autorités nationales pour faire face aux effets du changement climatique.
Les agriculteurs de chaque île mettent en œuvre des pratiques relevant de l'agroécologie. Les centres de recherche et les services de vulgarisation disposent également de résultats d'expériences réussies qui pourraient aider à améliorer la production. Recenser ces pratiques et expériences, et les partager avec l’ensemble de ces utilisateurs, c’est tout l’objet de la coopération agricole actuellement mise en œuvre par les îles (projets IRACC/e-PRPV). Une voie pleine de promesse pour faire avancer le secteur agricole de la région océan Indien.