Canne à sucre : le foreur des tiges pris au piège !
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Le Cirad vient d'annoncer la mise en évidence d'une solution écologique contre le foreur des tiges de la canne à sucre. Cette solution est en train d'être adaptée aux contraintes des planteurs réunionnais dans le projet "EcoCanne".
Il est l’un des ravageurs le plus redoutés des planteurs de canne à la Réunion. C’est Chilo sacchariphagus , plus connu sous le nom de « foreur des tiges ». Aujourd’hui, une solution écologique de lutte contre lui se profile. Elle vient d’être découverte par une équipe du Cirad au Pôle de protection des plantes. Elle consiste à attirer les foreurs sur une plante « piège » apparentée à la canne à sucre, Erianthus arundinaceus , en bordure de la parcelle. Cette plante agit comme un leurre pour les femelles du foreur qui pondent sur ses feuilles, au lieu de pondre sur la canne. Seule différence : les larves, issues des œufs, ne parviennent pas à achever leur cycle sur Erianthus et meurent « piégées » dans la tige de la plante. Résultat : moins de larves de foreurs, moins d’attaques sur les tiges de canne. Dans ses essais, le Cirad observe une réduction des dégâts d’un facteur 2 à 9 et un gain de rendement en canne de 22%.
Piéger et repousser le foreur
Devant ces résultats prometteurs, exposés prochainement dans la revue Crop Protection , le Cirad, en partenariat avec la FDGDON, eRcane et les lycées agricoles*, a déposé « EcoCanne » à l’appel à projets d’innovation et de partenariat du Ministère de l’Agriculture (Compte d’affectation spéciale « Développement agricole et rural » - CASDAR). Ce projet, qui s’inspire de la stratégie « push-pull » mise au point par l’ICIPE (African Insect Science for Food and Health) au Kenya pour lutter contre le striga et les foreurs de tiges du maïs, vient d’être retenu. Objectif d’EcoCanne : tester et proposer des solutions agroécologiques de lutte contre le foreur des tiges de la canne à sucre, et contre les mauvaises herbes.
Dans le projet, il s’agira tout d’abord de répondre aux questions pratiques liées à la plantation de plantes de bordure, autour de la parcelle de canne : comment les gérer durant la récolte, comment les valoriser, etc. Il sera aussi question de développer le côté « push » de la méthode de lutte contre le foreur, à savoir trouver des plantes qui les éloignent, en plus des plantes qui les attirent et les piègent. « Dans nos premiers essais, nous avons montré l’efficacité du « pull » (attraction) à travers l’utilisation de la graminée Erianthus arundinaceus, il nous faut maintenant développer le « push » (répulsion) : l’idée est d’implanter des légumineuses de couverture, permettant de repousser les foreurs tout en contrôlant l’enherbement » , explique Samuel Nibouche, chercheur entomologiste au Cirad et chef de projet.
Parallèlement, à cette méthode de « push-pull », sera combinée une méthode de lutte biologique par lâchers de trichogrammes (parasitoïdes oophages) mise au point par l’Inra, le Cirad et la FDGDON. De manière plus globale, des itinéraires techniques seront élaborés avec les lycées agricoles* et les planteurs. Une première étape avant une diffusion plus large des résultats fin 2015.
*EPLEFPA St Paul et St Joseph
Référence bibliographique
Nibouche S., Tibère R., Costet L., The use of Erianthus arundinaceus as a trap crop for the stem borer Chilo sacchariphagus reduces yield losses in sugarcane: Preliminary results. Crop Protection, Volume 42, December 2012, Pages 10–15
Source : http://reunion-mayotte.cirad.fr/actualites/push_pull_foreur