Un programme de lutte biologique contre la mouche des fruits Bactrocera invadens aux Comores
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Une étude écologique sur les mouches des fruits est actuellement encours aux Comores. Elle met l’accent sur le suivi de Batcrocera invadens, une espèce invasive très polyphage. Les résultats de cette étude permettront d’évaluer les possibilités d’introduction dans le pays d’un nouveau parasitoïde.
Bactrocera invadens est une mouche invasive d’origine asiatique apparue dans l’archipel des Comores en 2005 où elle s’est rapidement propagée. Cette espèce très polyphage constitue une menace pour la production fruitière du pays. Les dernières observations réalisées en avril 2013 ont fait ressortir qu’elle est maintenant largement installée et dominante dans le pays. L’espèce a par ailleurs colonisée en quelques années l’Afrique de l’Est et l’Afrique Sub-saharienne, elle est apparue à Madagascar en 2010 où elle se repend actuellement et a été détectée à Maurice en mars de cette année. Des recherches ont donc été lancées par l’Institut de Recherche pour l’Agriculture, la Pêche et l’Environnement (INRAPE) de l’Union des Comores et le Centre International de de Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD) à La Réunion pour étudier le cycle de vie et la répartition de Bactrocera invadens et des autres espèces de mouches des fruits présentes aux Comores, afin de préparer une action de lutte biologique.
En effet le contrôle des populations de mouches des fruits s’avère très compliqué aux Comores. Les arbres fruitiers sont dispersés en petite quantité et la prolifération des mouches est favorisée par la présence de plantes hôtes : badamiers, goyaviers et manguiers sauvages. Les traitements phytosanitaires sont quant à eux trop onéreux pour les paysans locaux. Ainsi un contrôle biologique naturels’avérerait plus efficace pour la régulation des populations de mouches, et notamment de Bactrocera invadens. Le programme prévoit donc l’introduction du parasitoïde Fopius arisanus.
Etudier la mouche des fruits
Afin de préparer l’introduction du parasitoïde, plusieurs activités portant sur l’étude de la mouche Bactrocera invadens sont menées par Issa Mze Hassani,doctorant en entomologie avec l’aide des agents du CIRAD et de l’INRAPE. Un réseau de piégeage a tout d’abord été installé à Ngazidja (Grande Comore) et est actuellement en cours de mise en place dans le reste du pays. Des zones géographiques dispersées et présentant des climats et des altitudes variées ont été sélectionnées. Les sites sont contrôlés toutes les semaines pour obtenir des données sur les populations. Des récoltes de fruits infestés ont été réalisées afin de définir la gamme de plantes hôtes et de déceler d’éventuels parasitoïdes indigènes. Les premières récoltes ont également servis à la mise en place d’un élevage de Bactrocera invadens pour l’étude en laboratoire. Pour se faire une salle du laboratoire de l’INRAPE a été entièrement réhabilitée. Cet élevage permettra ensuite de réaliser des essais lors de l’introduction du parasitoïde. L’INRAPE se chargera de l’élevage, du lâché et du suivi post-lâché, avec le soutien du CIRAD.
Assurer l’introduction
Le parasitoïde Fopius arisanus est actuellement élevé au laboratoire d’entomologie du CIRAD à La Réunion. Pour réaliser son transfert,le CIRAD et l’INRAPE répondront aux Normes Internationales pour les Mesures Phytosanitaires (NIMP) imposées par la Convention Internationale pour la Protection des Végétaux (CIPV/IPPC, ONU/FAO) dont la France et les Comores sont signataires.
Ce programme de coopération régionale est mis en place dans le cadre du projet Elargissement et Pérennisation du Réseau de Protection des Végétaux (ePRPV). Il fait suite au Projet Régional de Protection des Végétaux (PRPV) qui avait déjà permis aux deux instituts de recherche de collaborer pour la lutte contre les espèces invasives présentes dans le Sud-Ouest de l’Océan Indien.