Fête de l’ail à Petite Île - Histoire d’une coopération entre recherche et agriculture
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Petite île accueille du 10 au 12 octobre la 24ème édition de la fête de l’ail. Si c’est pour certains un moyen de visiter cette charmante petite ville du sud, c’est pour nous l’opportunité de revenir sur les particularités qui entourent la culture de l’ail à la Réunion et plus particulièrement à Petite Île.
La culture de l’ail à Petite Île n’est pas chose nouvelle. En effet, dans les années 1980, la ville était réputée pour sa production d’excellence. Mais, victimes de la pourriture blanche (maladie provoquée par le champignon Sclerotium cepivorum) et d’infections virales (notamment par le virus OYDV), de nombreux producteurs furent forcés d'en abandonner la culture. La production d’ail à Petite Île et à la Réunion s'en trouva fortement diminuée.
Depuis peu la culture de l’ail connaît un regain d’intérêt. Une vingtaine de producteurs s’y consacrent désormais à Petite Île. Cette reprise fut favorisée par la mise à disposition récente de semences d’ail assaini, exemptes de toute contamination par les virus OYDV et LYSV. Ces deux virus sont susceptibles de causer de fortes pertes de rendement, pouvant aller jusqu'à 60% des récoltes.
Il y a plus de 10 ans, en 2002, le Cirad fut sollicité pour une évaluation des variétés infectées. Un programme d’assainissement fut mis en place et les résultats obtenus permirent de produire des semences indemnes de toute infection virale pour deux variétés locales : le « Ti rouge » et le « Vacoa », qui ont été inscrites au Catalogue Officiel. Le Cirad n’ayant pas vocation à produire des semences commerciales, c’est l’Armeflhor, qui, à partir des variétés assainies et certifiées du Cirad, en organise la production à destination des agriculteurs. Celle-ci, proche des 1 000 kg annuels, se concentre essentiellement sur l’ail de variété « Vacoa ». Le « Ti rouge » n’ayant pas bénéficié du même engouement de la part des producteurs, c’est au Cirad que revient la responsabilité de sauvegarder cette variété locale afin d’éviter qu’elle ne vienne à disparaitre.
Aujourd’hui plus d’une trentaine d’agriculteurs, sur les 70 que compte l’île, utilisent de l’ail assaini, ce qui couvre environ 40% de la filière. L’Armeflhor, de son côté, souhaite augmenter sa production de semences certifiées afin d'être à même de subvenir aux besoins de tous les producteurs. Si les semenciers sont souvent décriés en raison de la dépendance qu’ils induisent vis à vis des agriculteurs, l’ail assaini proposé par l’Armeflhor est en moyenne réutilisable 3 ans d’affilé. Après quoi le niveau de recontamination par des virus présents dans l’environnement devient trop important. Il est alors possible pour l’agriculteur de racheter de nouvelles semences certifiées. Le succès de ce projet d’assainissement illustre d’une belle manière la réussite d’une coopération entre le milieu de la recherche expérimentale et le milieu agricole.
Reste le problème de la pourriture blanche, due à un champignon présent dans les sols. La seule solution pour limiter les contaminations est de procéder à des rotations de cultures : changer de parcelle pour d’éviter de s’installer sur des terres préalablement infectées. Pour cette raison il est conseillé de ne pas planter de l’ail à proximité d’autres Alliaceae, comme le poireau ou l’oignon, afin d’éviter des contaminations croisées. Reste que la mise en place de systèmes de rotation de culture nécessite des terres disponibles. La problématique devient donc politique, car elle prend une dimension foncière, sujet particulièrement sensible sur l’île de la Réunion.
Ce sont plus de 1 600 tonnes d’ail qui sont importées chaque année pour seulement 150 tonnes d’ail pays. Le marché est donc ouvert à l’ail de Petite Île qui n’a plus qu’à séduire les Réunionnais en mettant en avant sa qualité et le savoir-faire de ses producteurs. Producteurs qui, comme Eddy Barret, se feront un plaisir de vous présenter les fruits de leur labeur.
Plus d'infos sur la programmation de la fête de l'ail: