Moderniser le laboratoire de Moroni, une priorité pour l'assainissement des bananiers aux Comores
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Lors de sa création, le laboratoire de culture in vitro de l'Inrape, ex-CEFADER, Moroni-Grande Comores, avait pour ambition d'atteindre une production de croisière de 75 000 plants de bananiers sains par ans. L'objectif était de pouvoir fournir aux planteurs comoriens des plants indemnes de toute maladie. Et pour cause : les bananiers des Comores subissent une forte pression due aux différents virus, bactéries et champignons présents sur l’archipel.
Le champignon Mycosphaerella fijiensis, par exemple, responsable de la « cercosporiose noire du bananier », est omniprésent aux Cormores. Peu de bananeraies en sont épargnées et ses effets sur les plantations sont désastreux. Dans cet archipel où la consommation de bananes est fortement liée aux pratiques culturelles, l’assainissement des variétés cultivées de banane représente donc un aspect fondamental pour la sécurité alimentaire mais revêt aussi une dimension sociale non négligeable.
Éviter toute contamination du matériel végétal
Fournir aux agriculteurs des variétés de qualité, exemptes de toute contamination, est à la base même de la protection des cultures. La culture in vitro,[1] réalisée en laboratoire, est une technique qui permet de multiplier rapidement et en grand nombre des plants sains afin de pouvoir fournir aux agriculteurs du matériel non contaminé. Toutefois cette technique nécessite un respect total des mesures d’asepsie car les manipulations doivent avoir lieu dans un environnement stérile. L'usage de ces bonnes pratiques a pour but d’éviter toute contamination du matériel végétal en culture. Or les conditions qui règnent sous les tropiques ne facilitent pas l’établissement de ce type de modalité et les résultats du laboratoire de Moroni ne sont pas à la hauteur des attentes du ministère de l’agriculture. Il était donc vital pour la filière de se pencher sur les facteurs qui affectent l’efficience de ce laboratoire.
Redynamiser la production de plants de bananiers
A la demande de l’INRAPE, partenaire du projet Germination, David Teyssedre, assistant ingénieur au Cirad Réunion, s’est rendu à Moroni pour proposer son expertise en matière de culture in vitro. L’objectif : identifier les paramètres qui influent négativement sur le bon fonctionnement du laboratoire. Le rapport d'expertise réalisé dans le cadre de cette mission devrait permettre à l’INRAPE de procéder à la modernisation du laboratoire pour y établir des conditions d’hygiène et de sécurité optimales et par là de redynamiser la production de plants sains de bananiers.
Conscients du fait que l’approvisionnement en plants assainis revêt un caractère prioritaire pour les Comores, les responsables du laboratoire ont réaffirmé leur désir de le voir fonctionner avec efficacité. De plus, une fois le laboratoire de nouveau fonctionnel, il serait possible de travailler avec des variétés locales au lieu de ne multiplier que des variétés importées de Belgique. Cela permettrait en effet d’assurer la sauvegarde de variétés aujourd’hui quelque peu délaissées par les planteurs Comoriens mais aussi de proposer aux agriculteurs une plus grande diversité variétale pour leurs bananeraies, synonyme de plasticité face aux aléas climatiques et de résistance face aux maladies.
Pour aller plus loin :
[1] En culture in vitro, on prélève chez une plante « mère » des cellules qui ne sont pas contaminées, généralement situées au niveau des méristèmes de la plante, dans les bourgeons apicaux, afin de les multiplier sur un milieu artificiel stérile. Ces cellules, exemptes de toute contamination bactérienne, virale ou fongique, sont ensuite cultivées en laboratoire et donneront des plantes « filles », en tout point identiques à la plante « mère ». La culture in vitro est une méthode de clonage végétal, reposant sur l’aptitude naturelle des plantes au bouturage et pratiquée en laboratoire pour accroître le rendement de multiplication et garantir le bon état sanitaire des vitro-plants.